fort réconfort
lorette moreau
atelier participatif : du 27 au 29 octobre
performance publique : 4 novembre à 15h00
Lorette Moreau entamera cette saison un voyage avec un projet conçu tout à la fois comme une recherche, une création et un parcours performatif évolutif appelé à voyager de théâtre en théâtre, de jardin en jardin, pour les saisons à venir.
Lorette Moreau nous convie à un atelier participatif de trois jours ainsi qu’à une performance immersive, déployée sur une après-midi. Au départ d’un travail sur l’éco-anxiété, elle élabore un rituel de réconfort : un moment collectif où se réapprovisionner pour l’action.
L’atelier participatif :
Au cours des dernières années, on a vu apparaître, dans les médias, les néologismes “éco-anxiété” et “solastalgie”, qui décrivent la détresse causée chez beaucoup d’entre nous par les bouleversements écologiques en cours et à venir. Tristesse, colère, nostalgie ou angoisse, ça prend quelle forme chez vous ? Lorette Moreau et ses collaboratrices humaines et végétales vous invitent à une expérience artistique collaborative déployée sur un week-end pour déplier ces émotions et fabriquer collectivement des rituels de réconfort. Au travers de jeux, promenades thématiques, tartes aux pommes et siestes sur mesure, nous chercherons à cultiver la joie et construire de nouvelles alliances pour trouver le chemin de l’action.
Matériel à apporter pour les participant·e·s : une couverture confortable.
Horaire de l’atelier :
Vendredi 27 octobre de 18h à 20h30
Samedi 28 octobre de 10h30 à 18h.
Dimanche 29 octobre : brunch à 11h30
Inscription via l’adresse reservation@balsamine.be
La performance publique
Arrivée au théâtre à l’heure de la sieste. Devant nous, un enchevêtrement de cabanes. A l’accueil, on dépose la tristesse, la colère, l’angoisse ou la sidération, comme on enlève son manteau.
D’abord on fait le tour, on renifle un peu la proposition. Puis on choisit une cabane, pour commencer. On a du temps devant nous pour toutes les parcourir. Ou pour s’installer.
Peut-être, ici, on nous verse une boisson chaude dans une tasse magique. Ou peut-être on nous invite à nous allonger dans un hamac. Peut-être on ouvre une lettre, adressée au futur. On apprend une chanson. On déplie des questions…
LE POINT DE DÉPART
Solastalgia : néologisme inventé en 2003 par le philosophe australien Glenn Albrecht pour décrire une forme de détresse psychique ou existentielle causée par la dégradation d’un environnement familier. « The homesickness you have while you are still at home ».
Voir aussi : éco-anxiété.
J’ai grandi avec une mère écologiste engagée, dans une maison où les mots « crise climatique », « empreinte carbone » et « extinction des espèces » étaient prononcés plus souvent que « avoir de bonnes notes », « finir son assiette » ou « planifier les vacances »,…
La solastalgie est un état familier. La crise climatique me met dans un état de sidération. Envahie d’une tristesse profonde et paralysante, je me sens seule et impuissante. L’effondrement est en cours, autour de – mais aussi dans mon corps.
Comment reprendre des forces ? Comment s’agréger à d’autres solitudes ? Comment retrouver le désir de se relier au monde ? Comment convoquer la joie ?
SPÉCULATIONS FORMELLES & PROCESSUS
Fort réconfort est conçu comme une immersion, un parcours performatif revigorant.
Vous vous souvenez le « tour du monde », à la gym, en primaire ? Vous voyez, cet exercice où on devait – en équipe – grimper à un filet, puis longer les murs sur des espaliers, marcher en équilibre sur une poutre, escalader une corde, sauter sur le cheval d’arsault, et finir par une roulade sur le matelas géant ? Vous vous souvenez l’effet que ça faisait ? L’élan, l’excitation, les cellules en ébullition ?
Voilà, par là. Une proposition artistique en forme de récréation joyeuse et réconfortante, doublée d’une petite sieste.
Le processus de création de ce projet est aussi, pour moi, un terrain de recherche. Il fait l’objet d’un design minutieux, pour accompagner le propos et la forme. Ainsi, pour Fort réconfort, pas d’écriture « en chambre », pas de grands travaux cachés aboutissant à une inauguration en grandes pompes. Plutôt un laboratoire ouvert, en constante évolution, perméable à la rencontre, inscrit dans un temps long.
Pour chaque session de travail, j’invite un·e collaborateur·ice ponctuel·le. L’artiste convié·e m’aide à éclairer une question précise. On avance pas à pas, une cabane à la fois.
Le projet se nourrit par ailleurs des sensibilités de multiples autres adjuvants. En effet, au sein de chacune de mes résidences de création, j’organise un atelier rencontre adressé à des personnes qui, comme moi, se sentent affectées émotionnellement par les bouleversements écologiques en cours. Pendant 2 jours, je leur propose des jeux, promenades thématiques, siestes sur mesure et autres expérimentations ludiques permettant de déplier collectivement nos émotions, de nous relier et d’apprendre des techniques pour écrire au futur.
Une performance publique clôture chaque résidence. Celle-ci est conçue comme un agencement temporaire, une sorte de coupe géologique dans un présent épais. Sous la forme d’un parcours à poste (ou d’un parcours à cabanes), la performance intègre des traces des ateliers-rencontres menés quelques jours plus tôt, et les mêle à d’autres objets performatifs, d’autres traces glanées dans des paysages différents. À mesure que les matériaux s’agrègent, le dispositif se transforme.
« Je suis une travailleuse culturelle multi-casquette, engagée dans deux aventures coopératives : L’amicale et la Wander Structure. Pour définir ma pratique, j’utilise volontiers le terme theatermaker (fabricante de spectacles, en néerlandais). Ik ben geen tweetalig mais j’ai grandi dans les années nonante à Bruxelles et je connais les prénoms de tous les enfants du roi Philippe.
Outre la famille royale, je cultive quelques lubies (ou devrais-je parler d’obsessions) parmi lesquelles le MÉTA, la MÉTHODO et les MODALITÉS.
Je suis porteuse de projets artistiques (On va bâtir une île et élever des palmiers, ({:}) imprononçable, Fort réconfort), renvoyeuse de balles sur des projets portés par d’autres artistes (Antoine Defoort et Julien Fournet entre autres), j’enseigne à ARTS² et je facilite régulièrement des ateliers avec les outils de l’intelligence collective.
En 2020, j’ai posé les premiers jalons de mon projet Fort réconfort : poursuite d’un travail de fond sur l’engagement écologique et son impact sur les émotions, les affects et les relations.
Je poursuis par ailleurs une recherche transversale sur l’expérience sensible et politique des spectateur·ices. Ainsi, je co-élabore avec Céline Estenne le workshop Campement de spectateur·ices. »
Lorette Moreau
Conception et facilitation : Lorette Moreau
Collaborations protéiformes : Greta (fougère), Amel Benaïssa (compositrice et accompagnatrice de chœur), Justine Bougerol (scénographe), Cédric Coomans (sage-femme), Anna Czapski ( agente de voyages futurologiques), Céline Estenne (accompagnatrice de fouilles dramaturgiques),Aurore Magnier (design sonore), Noémie Touly (stagiaire renvoyeuse de balles),
Production : Célestine Dahan / L’amicale. En partenariat avec la Wander Structure asbl
Coproduction : La Balsamine (Bruxelles, Be), Scène Nationale Carré-Colonnes (Bordeaux Métropole, Fr),Théâtre l’Aire Libre (St-Jacques-de-la-Lande, Fr) / le joli collectif, Théâtre de Poche – Scène de territoire pour le théâtre Bretagne romantique & Val d’Ille-Aubigné (Hédé-Bazouges, Fr) / le joli collectif.
Accueil en résidence et soutien : CC De Grote Post (Ostende, Be), Le Corridor (Liège, Be), La Fabrique de Théâtre (Frameries, Be), La Chartreuse (Villeneuve-lez-Avignon, Fr), La Bellone (Bruxelles, Be), Bain Public (Saint-Nazaire, Fr), Théâtre de Poche (Hédé-Bazouges, Fr), La Serre Arts Vivants (Montréal, Ca).
Aide : Fédération Wallonie-Bruxelles – Service du théâtre (bourse de recherche), le Comité Mixte Chartreuse/Fédération Wallonie-Bruxelles (Wallonie-Bruxelles Théâtre Danse) et Kunstenpunt (Bruxelles, Be), Wallonie International (Bourse de résidence à l’international).
Fort réconfort est soutenu dans le cadre du réseau R.O.M. (Residencies On the Move) dans le cadre du programme Creative Europe de l’Union européenne.
Fort réconfort is supported by the network R.O.M (Residencies On the Move) in the framework of the Creative Europe program.
Photo : ©Ichraf Nasri