matamatá
bruno freire
du 17 au 21 octobre à 20h00
Et si Descartes ou Spinoza avaient visité la forêt tropicale brésilienne ?
C’est en partant de ce rêve d’un philosophe confronté à un environnement qui met ses pensées en faillite que le poète brésilien Paulo Leminski a composé le poème (ou romance-idée) Catatau.
Ce poème « baroquodélique » est à la source du projet de Bruno Freire qui nous invite à nous immerger dans la forêt tropicale. Là où tout est étonnant ; là où il y a profusion de vie et de gestes ; là où la chaleur et les pensées des végétaux, des minéraux et des bêtes se mélangent et s’insinuent en nous jusqu’à transformer ce qui constitue nos corps.
Un projet comme une invitation, partagée au plateau avec trois danseur·euses mâchant, chuchotant, chantant et mangeant le poème de Leminski. Une abondance de gestes, un mélange de voix qui traversent tous les corps en présence, qui deviendront peut-être, forêt.
Ce trio fait partie du projet DIPTYQUE composé également de la conférence dansée La vie n’est pas utile ou C’est comme ça présenté à Charleroi danse/ La Raffinerie les 15 et 16 novembre 2023.
Mercredi 18 octobre : aftershow mené par Eli Mathieu-Bustos, chorégraphe et interprète du spectacle Have a Safe Travel (programmé en avril 2024).
DIPTYC Matamatá and Life is not useful or It is what it is, a trio and a solo.
DIPTYQUE Matamatá et La vie n’est pas utile ou C’est comme ça, un trio et un solo.
DÍPTICO Matamatá e A vida não é útil ou É o que é, um trio e um solo.
Ce diptyque est constitué de deux pièces construites sur le même principe, à partir des mots, des danses, des paysages (corps-voix-environnement). Il s’inscrit aussi dans la continuité de mon infinie recherche vers et autour du merveilleux, un concept à la fois, poétique, scientifique, rationnel, inconscient, intuitif et ambivalent.
C’est une création de deux œuvres chorégraphiques qui se complètent et se complexifient, comme deux images photographiques mises l’une à côté de l’autre. Diptyque est un projet composé d’une pièce chorégraphique pour trois interprètes et un solo conférence dansé. C’est le déploiement de ma recherche infinie vers et autour du merveilleux.
Face au zeitgeist de notre époque, la catastrophe climatique, la mort imminente de la plus grande forêt tropicale de la planète, je me questionne en tant qu’artiste chorégraphique : Sera-t-on capable de reboiser/replanter, devenir forêt avec nos corps et nos villes, comment allons-nous chercher de la joie et du plaisir et ne pas tomber dans l’angoisse mélancolique et éco-climatique ? Comment faire une danse pour « retarder la fin d’un monde » ?
Nous partons de fabulations corporelles pour faire danser les pensées des spectateur·ices.
D’un côté, une pièce chorégraphique basée sur le livre Catatau du poète brésilien Paulo Leminski, tropicaliste, anthropophage et « barroquodélique ». Dans ce bouquin il écrit un monologue imaginaire où Descartes voyagerait au Brésil. Il le décrit comme la faillite du projet batave de républicanisation des tropiques.
De l’autre côté, une lecture dansée, un solo et une invitation pour les spectateur·ices à écouter/entendre les mots issus du livre-interview d’Ailton Krenak A vida não é útil / La vie n’est pas utile, au travers du corps du chorégraphe. Krenak est un philosophe activiste indigène brésilien, membre de l’Académie brésilienne des Lettres, et professeur docteur honoris causa de l’Université fédérale de Juiz de Fora Minas Gerais.
Les forêts et leurs habitant·es humain·es et non-humain·es, permettant notre vie sur terre ont des effets extraordinaires qui ne cesseront jamais de nous étonner. Ailton Krenak dit : « la vie est une expérience d’émerveillement qui ne peut être réduite à une simple chorégraphie ». Pratiquer la danse, la poésie, les arts-vivants me permet de toucher du doigt ses réflexions sur l’importance et la non-utilité de la vie.
La forêt tropicale est loin de moi, alors je me promène dans les forêts tempérées européennes, les forêts urbaines, les parcs dans lesquels les plantes poussent au travers du béton qui m’entoure. Selon Helena Katz et Christine Greiner, des chercheuses en danse, communication et sémiotique au Brésil : « ce qui est important à souligner, c’est l’enchevêtrement du corps dans l’environnement, ce qui annule la compréhension du monde comme un objet qui attend un observateur ». Être conscient de l’environnement dont je fais partie est important pour localiser qui suis-je maintenant et maintenant et…
Eliane Brum déclare dans le titre de son dernier livre, Banzeiro òkòtô, qu’aujourd’hui, l’Amazonie est le centre du monde car la forêt tropicale est devenue le centre du débat climatique, l’endroit où les signes de la catastrophe climatique semblent toujours arriver en premier.
Elle nous invite à nous déplacer pour ré-imaginer nos corps et reboiser nos perceptions, « s’amazoniser », comme elle l’appelle. C’est à travers ce concept complexe que j’aborderai ces créations et leurs rencontres avec les publics. Pour rappeler que même s’il n’est pas possible de devenir « l’Amazone », nous pouvons essayer de ré-ensauvager/reboiser nos corps, nos pensées et notre perception.
« J’suis un père, un artiste chorégraphe et un chercheur, né à São Paulo et vivant maintenant à Bruxelles. J’suis venu en Europe en 2013 pour étudier au sein d’exerce à l’université Paul Valéry à Montpellier. C’est aussi à c’moment-là que j’me suis mis à la recherche du merveilleux.
The marvelous is now.
Comme un danseur pris dans un studio éternel, dans une recherche sans fin.
Tout est merveilleux sauf ce qui ne l’est pas.
Pour moi, cette recherche est comme une métaphore de l’Amérique latine et de sa relation avec la modernité : un avenir prometteur de développement qui n’arrive jamais.
Au Brésil, j’ai eu un master en communication et sémiotique et un diplôme en danse et performance à l’université PUC-SP et pendant mes études j’ai commencé à travailler professionnellement en théâtre. La danse et le théâtre sont, pour moi, des outils qui m’aident à imaginer d’autres formes d’être ensemble et qui me permettent de raconter des histoires (im)possibles.
Mes recherches s’inspirent de et portent sur la danse, le théâtre, la photographie, l’art visuel, l’architecture, la vidéo, la poésie et la performance. J’dessine des écritures capables d’activer des expériences performatives. J’dérive en recherche.
Actuellement, j’aimerais imaginer une danse qui puisse se faire avec des êtres non-humain·es qui nous entourent et pt’être que pendant que vous me lisez, j’suis en train de la danser.
J’ai dansé pour des chorégraphes tels que Mette Ingvarsten, Radouan Mriziga, Cristian Duarte et Louise Vanneste. J’ai collaboré avec Calixto Neto, Manon Santkin, Sheila Ribeiro, Cristian Duarte, Thelma Bonavita, Wagner Schwartz et participé au centre d’étude de danse CED, organisé par Helena Katz. Pendant mes études j’ai étudié avec Laurent Pichaud, Myrto Katsiki, DD Dorvillier, Debora Hay, Loïc Touzé, Mathilde Monnier, Benoît Lachambre, Luis Garay, Vera Sala, Marta Soare… »
Bruno Freire
Diptyque
Matamatá
Chorégraphie : Bruno Freire
Interprètes : Magdelaine Hodebourg, Robson Ledesma, Annabel Reid
Dramaturgie : Rodrigo Batista
Pratique corporelle de kempo : Thiago Antunes
Design son : Ricardo Vincenzo
Design lumière : Felipe Boquimpani
Costumes et maquillage : Stef Assandri
Aide à la recherche : Ana Teixeira
La vie n’est pas utile ou C’est comme ça
Chorégraphie et performance : Bruno Freire
Une performance née à partir de la conférence d’Ailton Krenak
Design son : Tomas Monteiro
Design lumière : Laura Salerno
Traduction du portugais avec aide de Roz Whytes (anglais) et Anna Ratiomou (français)
Assistanat : Manon Santkin et Robson Ledesma
Aide à la recherche : Cristian Duarte et Ana Teixeira
Production : Stephanie Bouteille, Pierre-Laurent Boudet, Rocio Leza pour Entropie Production déléguée : la Balsamine (Bruxelles, Be)
Remerciements : Tarina Quelho, Thiago Alixandre, Calixto Neto, Breno Caetano, Zé Fernando
Coproduction : Charleroi danse, centre chorégraphique de Wallonie – Bruxelles (Be), la Balsamine (Bruxelles, Be), La Coop asbl, Shelter Prod
Aide : Fédération Wallonie-Bruxelles – service de la danse, Wallonie-Bruxelles International, European Union – Culture Moves Europe, Wallonie-Bruxelles Théâtre Danse, taxshelter.be, ING, Tax Shelter du Gouvernement fédéral belge
Résidence : Festival International BAM (Siby/Bamako – Mali), Santarcangelo International Festival (Santarcangelo di Romagna, It), workspacebrussels, Kunstencentrum BUDA (Courtrai, Be), La Cigalière (Sérignan, Fr), Théâtre Varia (Bruxelles, Be)
Photo : ©Ichraf Nasri