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as salem aleykoum

le sbeul

les 18, 19 et 21 mars à 20h00
le 20 mars à 10h30 et 20h00

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théâtre

Porté par 2 cultures, j’ai le cul sur une frontière,
j’appartiens à l’identité de l’entre-deux
qui n’a pas de patrie.
Alors aujourd’hui, je me lève pour te parler.
Et je ne le fais pas seul.

Au centre du spectacle se trouve la frontière. Celle que nos parents ont dû traverser avant même que l’on vienne au monde.
Héritières et héritiers de cette identité de “liaison” – nous pensons avoir le devoir de ne pas fuir le dialogue mais de le provoquer.
Alors, en nous appuyant sur la frontière qui sépare les spectateurs et spectatrices des interprètes, nous voulons tout aborder sans concession.
Nous allons ensemble tenter de donner naissance à un rituel d’accueil capable de guérir nos histoires.
Nous entrons dans cet espace séparé·xes, morcelé·xes ; nous tâcherons de le quitter ensemble, uni·es.
Que la frontière devienne le catalyseur d’un esprit commun, c’est l’enjeu de ce temps que nous occupons touxtes.
Et aucune chance d’échec avec un As Salem Aleykoum ( السلام عليكم ) – que la paix soit sur toi – en guise de bienvenue.

note d'intention

Pour ce projet, je vais revenir à mon Père.
Un jour, j’étais dans les calanques à Marseille : un homme blanc et un homme noir se parlent. L’homme blanc parle de tout et de rien. En tentant de sortir une petite barque de l’eau, il dit, de mémoire :
“L’homme Blanc : C’est la barque de la famille, tin’ il fait chaud là“ (il a du mal à sortir la barque de l’eau en la tirant, elle est lourde)
L’homme Noir : laisse je vais te montrer (il récupère deux roues
vissées sur une planche non loin, les cale en dessous de la barque d’un côté, soulève l’autre partie et tire la barque pour la sortir de
la pente douce sur laquelle elle était prise en sortant de l’eau)
L’homme Blanc : Mais toi t’es pas bête dis donc, c’est vrai que t’as le sens pratique.
L’homme Noir : Non, tu as juste oublié que le Noir il est fainéant.
(ils rient ensemble)”
Six mois plus tard. Mon père, marocain, né au Maroc, arrivé en France à dix-huit ans, reparti depuis, lors d’une de nos rares conversations :
“L’arabe il est fainéant”.
Mon père déteste le Maroc ouvertement. Il déteste la France en lui-même. Il n’a pas d’avis sur la Belgique.
Ces deux souvenirs ne sont que deux, par choix. En vérité, j’en ai des dizaines consciemment, en réserve. Sans doute plus, oblitérés par le couple que forment la mémoire et la résilience.
Ce sont les points de départ du travail que je veux mener : comment ces conflits internes racontent à eux seuls l’échec de l’immigration et la nécessité de l’émergence d’une parole.
Il est temps qu’à celles et ceux qui n’ont pas de refuge culturel – ceux et celles qui ont appris à se vomir – répondent celles et ceux qui ont deux cultures. Il faut offrir cette troisième voie. Cela devient urgent.

“Notre simple existence, doublée d’un poids démographique relatif 1 pour 6) africanise, arabise, berbérise, créolise, islamise, noirise, […] aussi sûrement que le sac et le ressac des flots polissent et repolissent les blocs de granit aux prétentions d’éternité.”
Houria Bouteldja

Pour moi, ceci rejoint l’hybridation dont j’parle qui trouve son sens en nous-mêmes, ni plus ni moins. Nous sommes la génération Gryffondor et Serpentard, Jedi et Sith, Coca, Pepsi ; nous sommes colonisateur·ices et colonisé·es. Nos cultures se rejettent mutuellement et pour survivre, pour continuer à avancer, nous avons trouvé des stratégies afin d’apprendre à coexister. Nous sommes des laboratoires ambulants qui trouvent leur nécessité vitale dans la résolution des problèmes et des tensions que notre société rencontre aujourd’hui. Ni plus ni moins. Avant qu’on nous l’enseigne, nous savons intrinsèquement que l’histoire est écrite par les vainqueurs et avons déjà résolu en nous-mêmes ce conflit. Ou tout du moins, nous avons appris à regarder ce problème en face sans en avoir honte. Sans que la culpabilité nous trouble l’esprit etbloque nos réflexions. Nous sommes là pour oser, parler et questionner. Nous sommes d’ici et d’ailleurs et avons appris à nous penser en dehors de nos simples circonstances.
Voilà pourquoi aujourd’hui je veux travailler entre autres sur un mythe antique tout en le transformant, car nous sommes ces mythes antiques et leur transformation.
Et contrairement à mon père, je sais que ces histoires m’appartiennent.

biographie

« Nous Le Sbeul,
Nous nous sommes rencontré·es lors de la création du spectacle du même nom. Nous avions, dans ce travail, fait en sorte de mettre en lumière les problématiques qui sont les nôtres.
Membres racisé·es du Sbeul
Et en faire des problématiques qui sont les nôtres
Nous qui occupons
ensemble une salle de
spectacle pendant 1h

Nous sommes parti·es de nos expériences multiples et en les partageant, nous avons créé un socle commun qui nous lie.
Nous n’étions d’accord sur rien – si ce n’est sur le fait d’avoir souffert de racisme – nous ne tirions pas les mêmes conclusions, n’avions pas les mêmes avenirs en tête.

De nos conflits est né un collectif qui évolue encore, et apprend tous les jours.

Nous sommes de jeunes artistes en construction portés par un désir d’expression sur des sujets brûlants, personnels et politiques. Nous avons choisi de nous réunir et de partir de nos expériences,
de nos vécus pour proposer un art sans concession qui regarde en face les enjeux sociaux de notre époque.

Nous sommes majoritairement racisé·es, nous souhaitons toutes et tous parler avec force et dignité. »

Le Sbeul

distribution et crédits

Distribution, présentée par ordre alphabétique des fonctions :
Aide à la Dramaturgie : touxtes
Assistant à la mise en scène : Loïc Leroy
Costumièr·x·es : Alphonse Eklou
Créateur Lumière : JMKB
Interprèt·e·s : Edson Anibal, Jean-Marc Judith, Louise Moret, Warda Rammach, Alex Lobo ou Judith Gaillard Hwang, Mik Talib, Mehdi Zekhnini
Mise en scène : Jonathan Moncef Kibani Boussaleh
Photo visuel : Mik Talib
Scénographie : Aylyn Bendehina
Régie générale : Gauthier Minne
Régie lumière et son : Gauthier Minne ou Valentine Bibot, en alternance.
Remerciements du Sbeul :
L’équipe du Rideau, l’équipe de la Balsamine, l’équipe de la Vénerie, La FWB, l’équipe de l’INSAS, la team Des Blocs, la team Fatsabbats, la team Ravi, Paola Stevenne, Bwanga Pilipili, François Makanga, Virginie Thirion, Samira Hmouda, Sophie Senecaut, Naïm Belhaloumi, Emmanuelle Gilles-Rousseau, Dany Ben Felix, Landry Kalla et un ensemble d’autres soutiens dont il faudra pardonner l’absence dans cette liste car, elles et ils, sont largement présent·xes dans nos pensées.
Production : Le Rideau (Bruxelles, Be), Le Sbeul, la Balsamine (Bruxelles, Be), La Coop asbl et Shelter Prod
Aide : Fédération Wallonie-Bruxelles – Service général de la création artistique.
Soutien : taxshelter.be, ING et Tax-Shelter du gouvernement fédéral belge.
Production déléguée / diffusion : Le Rideau (Bruxelles, Be)

Photo : © Mélanie Peduzzi