dirty closets

marianne chargois

les 12, 13 et 17 février à 20h30
le 14 février à 18h00
le 18 février à 19h00

une coprésentation atelier 210 et la balsamine
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création performance documentaire

Hors les murs – Atelier 210
Dans le cadre du festival It Takes a City

Dirty Closets est une performance documentaire abordant la thématique des échanges économico-sexuels en contexte colonial, du coming out des travailleur·euses du sexe, et des besoins de réparations collectives et historiques qui s’y expriment. Et si les actions et les voix qui s’élèvent aujourd’hui étaient porteuses de besoins de justice plus ancestraux résultant de l’Histoire d’hier ?

Jamal Phoenix et Marianne Chargois, deux travailleur·euses du sexe contemporain·es, ont tous·tes deux des lignées généalogiques qui prennent racine dans des pays colonisés par la France, aux Antilles, à la Réunion et en ancienne Indochine. Quelles intimités économico-sexuelles y ont-elles été vécues par leurs ancêtres ?

Entre récit généalogico-biographique et arpentage de vie minoritaire, Dirty Closets raconte des histoires de l’époque coloniale industrielle d’hier à celle néo-coloniale et néo-capitaliste d’aujourd’hui.

note d'intention

 

Jamal Phoenix est une star du porno, un danseur et un travailleur du sexe afro-créole FTM. Marianne Chargois est blanche, cisgenre, travailleuse du sexe, artiste, et militant pour l’accès aux droits. Jamal et Marianne ont tous deux des lignées généalogiques qui prennent racine dans la colonisation française, leurs ancêtres étant des colonisé·es, des colons, et des enfants métisses issus de ces unions aux Antilles et en ancienne Indochine. Les arrières-grands-mères des performeur·euses sont des femmes antillaises et laotiennes qui ont vécu des contextes de guerre et d’occupation, qui ont développé des relations intimes dans ces contextes. Les parents et grands-parents ont traversé les périodes de décolonisation. Des échanges économico-sexuels ont traversé toutes ces générations. Quelles formes ont-ils pris, quelle part d’opprobre et quelles incidences pour ces personnes et leur descendance ? En tirant le fil de leur parcours actuel jusqu’aux fantômes familiaux, les deux travailleur·euses du sexe s’emploient à autopsier leur propre existence : de quoi leurs corps sont-ils la trace ? En s’intéressant à leurs ancêtres issus des intimités affectivo-sexuelles en contexte colonial, i·els font le récit des résistances et des résiliences des corps minorisés, depuis celles de leurs ancêtres jusqu’aux leurs. Jamal et Marianne partageraient-i·els avec leurs mères, grand-mères et arrière-grand-mères l’usage de formes differentielles de travail du sexe comme stratégie de survie économique, d’affirmation ou de prise de place sociale ? Les coming out de travailleur.ses du sexe, gigolo, prostitué·eshétaïres ou courtisanes qui égrènent les siècles sont-ils systématiquement le symptôme de tentatives de groupes minorisés de réclamer une place digne dans la société ? En reliant leurs histoires personnelles à l’Histoire globale et collective, i·els questionnent à travers leurs choix de vie, leurs prises de parole publiques et celles de leurs pairs, les sorties de placards (coloniaux, de genre, de classe, de race, de sexualité) qui s’expriment, ainsi que les continuités et déplacements, géographiques et conceptuels qui s’opèrent au fil des époques.

biographie

« Dès mon plus jeune âge, j’ai intégré deux choses : qu’il faut se débrouiller par soi-même, quoi qu’il advienne. Et que le passé n’existe pas. C’est ainsi que, tournée vers le pragmatisme du présent et de ce qu’il faut devenir, je ne remarquais pas les trous de mon histoire familiale. Et que fidèle à la prédiction de ma date de naissance, jour de la Sainte-Marie-Madeleine, je développais mon autonomie via le travail du sexe. Ce n’est que bien plus tard que j’ai commencé à voir, par petites touches, l’évidente étrangeté. L’omniprésence de ce qu’il fallait taire des origines de mon grand-père. Son visage eurasien, que son nom très français ne parvenait pas à masquer. Des circulations, des dates, des lieux, qui quadrillent impeccablement les grandes dates de l’histoire coloniale française. Mon propre prénom, Marianne, qui m’a toujours mise mal à l’aise tant ce symbole de la république française sonne comme un simulacre. Dans Dirty Closets, je mène un travail de recherche généalogique et historico-politique dans lequel je remonte la trace de mes origines. J’y écrit un récit mêlant des archives personnelles et collectives, j’assume des spéculations, j’enquête. En tirant le fil de mes ancêtres, de leurs résistances et de leurs dénis, je contemple la façon dont ils résonnent à l’époque contemporaine, dans mes choix de vie comme dans les combats politiques d’aujourd’hui. »

Marianne Chargois

distribution et crédits

Conception, écriture : Marianne Chargois
Performance, récits : Jamal Phoenix, Marianne Chargois
Création sonore et performance live : Mona Servo
Création graphique et constructions : Thy Truong Minh
Création lumière et régie vidéo : Nicolas Marty
Recherche transgénéalogique : Law Cailleretz
Conseil chorégraphique et scénographique : Emmanuelle Vincent, Pierre Larauza
Création vidéo : Miguel Soll
Présentation : Atelier 210 ( Bruxelles, Be), la Balsamine (Bruxelles, Be)
Production : AWC Production
Coproduction : Atelier 210 (Bruxelles, Be), la Balsamine (Bruxelles, Be)
Soutien : le BAMP (Bruxelles, Be), Kunstenwerkplaats (Bruxelles, Be)
Aide : Fédération Wallonie-Bruxelles, Service général de la Création artistique – Direction du Théâtre

Photo : © Nour Beetch