sara selma dolorès
Du 21 au 23 et du 26 au 30 novembre à 20h00
Puisque l’esprit de sérieux nous gouverne
Puisque la montée des eaux semble inexorable
Puisque les shitstorms ne sont que virtuelles,
(alors que c’est quand même un peu la merde partout)
Puisque la résilience est sur toutes les lèvres
Puisque le témoignage semble être le dernier levier de lutte
Puisqu’il ne viendra plus (ajouta-t-elle avec un soupir)
Puisque ça sonne occupé
Puisque la Logique tue.
Rions (pour en finir avec nous-même) !
Sara Selma Dolorès (créature bien connue de la nuit bruxelloise), accompagnée sur scène de Baxter (wikipédiste fatrasique) et de Lazarus (cock-porn girl), vous invite à une soirée cabaret (ça veut dire qu’il y aura des plumes, des paillettes, des numéros de chant, d’effeuillage, de pole dance et de drag queen) où il s’agira avant tout : de rire !
Oui mais rire de quoi ? Et à quoi ça nous ramène le rire ? Et le rire de classe ? On en rit ?
Le temps d’une soirée, i·els nous invitent à suspendre nos destins figés et à nous libérer de la puissance destructrice de l’esprit de sérieux, à nous rebeller contre les populismes instrumentalisant nos défaites populaires, à nous défaire des intelligences artificielles qui supplantent nos bêtises humaines, à rire de nous et à en finir avec nous-mêmes une bonne fois pour toutes !
« Qui suis-je ? Suis-je une femme-cis-non-racisée-bisexuelle ? Suis-je la mère de mon fils ? Suis-je privilégiée ? Suis-je prisonnière de ce que je pense que je pense être ? Suis-je normale ? Normée ? Normative ? Toutes ces questions sont brûlantes : elles nous permettent de dépatriarcaliser la pensée, décolonialiser nos imaginaires, décadrer les cadres afin d’écrire de nouvelles fictions politiques. Mais que faire lorsque ce qui fait une politique devient une identité ? Que faire quand le mot -queer- devient un qualificatif alors que par définition, il échappe à sa définition ? Est-ce que l’hors norme devient la nouvelle norme ? Pardonnez cette rafale de questions, mais c’est le seul moyen d’exposer rapidement la force du discours de notre époque. Une époque inédite où tout le monde commente en live, où les témoignages fleurissent, où -je- est rarement -un autre-. Comme s’il y avait une injonction à être logique, nous écrivons nos propres récits intimes jusqu’à parfois en devenir prisonnier. Pour remédier à ce trop de vérité, à cette pseudo-authenticité testimoniale, je nous propose de suspendre nos destins dans la fête. Le cabaret est la fête. La nuit, le lieu de toutes les métamorphoses. D’aucuns parleraient d’oubli de soi avec une moue désapprobatrice, d’autres diraient fluidité de genre, expression des moi minoritaires. Dans ce métacabaret, nous ouvrirons la possibilité pour chaque performeur·euse d’être unique et multiple, de se débarrasser de la fiction, de sa cohérence ou sa linéarité, de son joug en somme, pour sortir d’une identité labellisée. Tout sera authentiquement faux et sincèrement artificiel.»
Sara Selma Dolorès
« Je m’appelle Sara Selma Dolorès. Vous pouvez m’appelez comme ça, mais vous pouvez aussi choisir le prénom que vous préférez, celui qui fera bien dans votre trombinoscope personnel.
Mon premier spectacle s’appelait Boudin & Chansons.
Sans le savoir, je renouais avec une tradition oubliée, le comique troupier. Nous ne chantions pas le quotidien du soldat, mais à notre manière, nous portions une autre sorte d’uniforme, celui des mauvaises femmes, des putes ou des salopes à bas résilles. Braillantes comme des poissonnières, parlant de nos clitos, réglant nos comptes avec la gent masculine, Boudin & Chansons sort en 2011. C’est du pur jus de #balancetonporc avant l’heure.
Avec une proposition aussi outrancière, je joue dans les squats, les bars, les ronds-points jusqu’à ce que certaines personnes m’accueillent dans leur territoire. À l’époque, on ne parle pas encore de safe place. Mais dans quelques rues dédiées aka les rues à pédés, la toute jeune Peggy Lee Cooper (qui était déjà vieille) et la jeune Jean Biche encore velue se proclament travelottes ou créatures, et m’ouvrent les bras.
Après ça, s’ensuit toute une série de spectacles dont les sujets tournent principalement autour de la bouffe, de la picole, de l’amour (Les Ogres, Finis ton assiette ! Soûlographie avec le philosophe Laurent de Sutter) et de la dragquouinerie (avec les Nuits Bas Nylon de Jean-Biche, le Cabaret Mademoiselle et autres Cabaret Dégenré).
Pour continuer dans l’esthétique de trottoir et sortir de l’entre-soi, je fomente, avec Kimi Amen, une Consœurie de Connasses de Gilettes de Binche pour titiller les Carnavals Phallocrates qui nous le rendent bien.
Qui parle ? Qui agit ?
Une multiplicité. Des microbiotes de mes intestins en passant par les virus que je transmets à mon insu. »
Sara Selma Dolorès
Conception, mise en scène, jeu : Sara Selma Dolorès
Assistanat à la mise en scène : Amandine Servranckx
Création sonore et jeu : Baxter M.Halter
Polymathe et jeu : Pascal Lazarus
Chaque série de représentation invitera deux performer·euses locaux·les pour venir compléter ce trio.
Dramaturges : Laurent de Sutter, Meryl Moens, Stéphane Olivier
Prothèses corporelles, coiffures et maquillage : Rebecca Flores Martinez
Scénographie et direction technique : Nicolas-Adrien Houtteman
Compositeur chansons : Gil Mortio
Bouffonologue : Cédric Paga (Ludor Citrik)
Costumes : Bastien Poncelet
Création lumière : Rémy Urbain
Diffusion : Lauréline Bombaert
Production : Thank you for Coming et MoDul – Lauréline Bombaert et Anne Frestraets
Coproduction : la Balsamine (Bruxelles, Be), Le Varia – Théâtre & Studio (Bruxelles, Be), MARS Mons Arts de la Scène (Be), le Théâtre de Namur (Be), Latitude 50 (Marchin, Be), La Coop asbl et Shelter Prod
Soutien : Fédération Wallonie-Bruxelles – Domaine du Cirque, de la Rue et des Arts Forains, taxshelter.be, ING et Tax Shelter du gouvernement fédéral belge
Soutien en résidences : Studio Toast (Bruxelles, Be), Latitude 50 (Marchin, Be), De Markten (Bruxelles, Be), Wolubilis (Bruxelles, Be), Maison Poème (Bruxelles, Be)
Photo : © Mélanie Peduzzi