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une traduction infidèle

ahilan ratnamohan

du 23 au 26 mai à 20h30
le 27 mai à 18h
en coprésentation avec le Kaaitheater et le Kunstenfestivaldesarts

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Comment les artistes d’origine étrangère se retrouvent-iels dans notre complexe belgitude ? En 2019, Ahilan Ratnamohan, artiste d’origine sri-lankaise ayant grandi à Sydney, s’aperçoit qu’il n’a, après sept ans en Belgique, aucun·e ami·e wallon·ne et que tout ce qu’il connaît de la Wallonie lui vient d’une perspective flamande. L’artiste se demande si, en apprenant également le français et en se plongeant dans la culture wallonne, il pourra devenir belge, un vrai Belge, foncièrement belge. Il a donc appris le français spécialement pour cette performance et nous rapporte les anecdotes, parfois douces, parfois amères, de ses aventures d’artiste flamand en Belgique francophone. Il essaie ainsi de se défaire de son identité flamande, une identité qui lui est attribuée par hasard, par le fait d’avoir appris le néerlandais et de se produire principalement en Flandre. Une traduction infidèle permet à Ahilan Ratnamohan de déconstruire la division de la Belgique, une aventure originale qui rejoint ainsi l’identité du kunstenfestivaldesarts et qui s’inscrit dans la continuité de sa pratique artistique liée à l’apprentissage des langues. Il interroge par la même occasion son identité, celle d’un émigré anglophone, d’un quidam flamand, d’un artiste estampillé comme flamand.

Mercredi 24 mai : aftershow mené par Dries Douibi, codirecteur artistique du Kunstenfestivaldesarts

note d'intention

Une traduction infidèle est le troisième, quatrième ou cinquième projet d’une série que j’ai débutée en 2017 et dans laquelle je travaille à l’écriture de monologues relatifs à l’apprentissage d’une langue. Cette série de performances n’a jamais eu pour objectif d’être une série à proprement parlé, ni une pentalogie. Elle se développe en fonction des surprises, des désirs, des urgences et de mes lubies du moment.
Depuis 2010 je m’intéresse au processus d’apprentissage d’une langue en tant qu’acte performatif. C’est à partir de 2017, et après une expérience délirante en Lettonie, que ce projet a commencé à me hanter.
Mon travail se construit au travers de collaborations avec des perfomeur·euses « non académiques », des personnes, qui ne sont pas performeur·euses habituellement. Quand je travaille avec ell·eux ce qui m’intéresse le plus c’est comment, ensemble, nous pouvons « détourner la hiérarchie ». Il est donc essentiel pour moi que chacun·e d’entre ell·eux gagne quelque chose dans mes projets (de l’argent, un costume, une nouvelle langue…) et qu’i·els ne sentent jamais récupéré·es ni par le milieu culturel, ni par moi. Dans ce projet, et bien que je sois le seul performeur, je ne me vois pas travailler différemment.
J’ai un véritable désir d’apprendre et d’améliorer mon français et de m’ouvrir ainsi à de nouveaux contextes, de pouvoir jouer en Wallonie ou en Francophonie.
Tout ceci n’empêchera pas le contenu de ma performance d’être extrêmement personnelle et important pour moi. Je pense que les personnes qui parlent une langue dominante ont parfois tendance à manquer d’amour pour leur langue maternelle, tant elle est omniprésente et qu’elle n’aura jamais l’attrait d’une langue comme le Letton ou le Tamul par exemple.
Lors d’une résidence à la Bellone en 2020, alors que je commençais à travailler sur cette matière, j’ai été frappé par la profondeur des conséquences qu’avait pour moi le choix d’apprendre ou pas le français. » Ahilan Ratnamohan
(Texte traduit de l’anglais)

biographie

« Originaire d’Australie et passant par Jaffna (Sri Lanka), avant d’arriver en Belgique, Anvers, Flandre pour être précis.
J’ai commencé à travailler en tant qu’artiste à Sydney, avec des compagnies comme Urban Theatre Projects et Branch Nebula. Ça a été mon « école » d’artiste, je n’ai donc jamais étudié le théâtre ou la performance à proprement parlé. Mon travail est fortement imprégné de ma passion première : le football. Entre mes 18 et mes 21 ans, j’ai même tenté une carrière professionnelle en tant que footballeur et c’est pour cette raison que je suis arrivé en Europe avant d’être rattrapé par mon autre passion : la performance.
Mon autre grande source d’inspiration, c’est l’apprentissage d’autres langues et comment ce processus d’apprentissage nous impacte. Je travaille généralement en développant des « concepts », c’est-à-dire en créant des dispositifs d’improvisations tant physiques que textuels. Pourtant, ces dernières années, je suis doucement revenu vers l’écriture. J’écrivais beaucoup à l’époque où je jouais au football. Ces dernières années, beaucoup de mes idées se sont développées en rupture avec le théâtre et ses formats de représentations d’une heure. Des projets comme Klapping (dans lequel nous avons inventé une danse urbaine à partir des mouvements du football) et Pidgin X (dans lequel, nous avons créé une nouvelle langue Pidgin ou Créole en nous basant sur les mots que les personnes qui devaient apprendre une langue dominante regrettaient de ne plus utiliser) sont devenus si « réels », si « vrais » que pour beaucoup de gens, ça ne ressemblait même plus à de l’art et ça, c’est quelque chose que j’aime bien. » Ahilan Ratnamohan

distribution et crédits

Concept, performance : Ahilan Ratnamohan
Dramaturgie : Petar Sarjanovic
Chorégraphie : Rayuela Ratnamohan
Conseillère en costumes  : Anne-Catherine Kunz
Production : la Balsamine (Bruxelles, Be)
Coproduction : Kaaitheater (Bruxelles, Be)
Coprésentation : la Balsamine (Bruxelles, Be) Kaaitheater (Bruxelles, Be) et le Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles, Be)
Soutien : La Bellone (Bruxelles, Be), le Théâtre de Liège (Be)
Ahilan Ratnamohan est accompagné en production par ROBIN Brussels

Photographie : LoupKass